[Dossier] SpaceX, prêt pour l’été!
Nous sommes rentrés dans une période vraiment importante pour SpaceX : alors qu’il n’y a aucun décollage prévu avant le mois de juin (le 17 à priori), la firme doit se préparer pour les importants changements qui s’annoncent à l’été. Des tests importants, un changement de moteur, une cadence importante et plusieurs tentatives pour retenter un atterrissage du premier étage : autant de défis à relever. Revenons sur les différents points qui vont animer les mois prochains, dont plusieurs bonnes nouvelles qui vont nous redonner espoir après les différents et décourageants échecs russes de ces dernières semaines.
Publiés par SpaceX, trois affiches « rétro » toutes orientées vers le tourisme pour Mars ont été dévoilées en fin de semaine. Engageant! Crédit SpaceX.
CRS-7 : en préparation !
SpaceX est un important fournisseur de services pour l’ISS. Son cargo CRS-6 est encore attaché à la Station pour quelques jours (les opérations sont bientôt terminées) avant son retour et son atterrissage prévu dans l’océan pacifique avec plus d’une tonne de matériel ramenés depuis l’orbite. Pour autant, la préparation du vol suivant est devenue capitale depuis l’échec, le 28 avril, d’un cargo russe Progress. Le vol CRS-7 sera vital pour la station… Non seulement à cause des centaines de kilos de nourriture, vêtements et de l’eau, mais également parce qu’il embarquera dans son caisson non pressurisé le module IDA-1 (International Docking Adapter) qui permettra d’ici 2016-2017 aux futurs vaisseaux américains de s’amarrer à la station. Actuellement, le vaisseau CRS-7 est encore dans les ateliers de SpaceX à Hawthorne en Californie. Il rejoindra probablement Cap Canaveral dans la première semaine de juin.
La Capsule Dragon CRS-6 est encore attachée à l’ISS ce dimanche. Profitons-en, elle va bientôt revenir sur Terre! Crédit Scott Kelly/NASA
Le vol CRS-7 verra également la prochaine tentative de récupération du premier étage de la fusée. Il semble que pour l’instant, cette tentative sera réalisée sur la barge que nous avons déjà vu dans les premiers mois de l’année, nommée « Just Read the Instructions » (JTRI). La directrice des opérations de SpaceX, Gwynne Shotwell, souhaitait une tentative d’atterrissage à terre sur le pas de tir spécialement aménagé au Cap Canaveral pour l’occasion (LC-13) mais selon nos informations l’infrastructure n’est pas terminée, et SpaceX n’aurait pas encore les autorisations pour ce genre de manœuvre. Quant à la barge, elle a pour le moment disparu ! La firme l’a probablement emmenée en réparations dans un chantier tenu secret, suite à l’explosion du premier étage de la mission CRS-6, qui avait failli réussir. Pour autant, aucun fan n’a pour l’instant la localisation précise de JTRI.
L’une des meilleures photos de l’atterrissage raté (de peu) du premier étage de la fusée Falcon 9 en avril. Au moins deux essais sont prévus dans les mois à venir. Crédit Elon Musk
Cap à l’ouest pour Jason 3
Après le cargo orbital CRS-7, SpaceX utilisera pour la première fois depuis 2013 son pas de tir de la côte Ouest, situé en Californie sur la base de Vandenberg. Là-bas, des travaux importants ont eu lieu dans les derniers mois, pour préparer l’arrivée de la fusée Falcon 9 qui transportera un satellite franco-américain dédié à la météorologie et au niveau des océans nommé Jason 3. Comme ce dernier est assez léger, SpaceX tentera également de faire revenir sur Terre le premier étage de la fusée… Mais cette fois, il n’y aurait pas de barge impliquée dans l’histoire : SpaceX dispose d’un gigantesque « carré » de terrain situé au bord de la mer, bien plus large qu’une barge et destiné à l’atterrissage. Nous reparlerons de Jason-3 le moment venu, mais ce vol est important pour la firme, parce que le satellite doit aider à certifier SpaceX pour des missions dédiées à l’US Air Force. Le retour à Vandenberg est aussi très attendu, puisque le « spaceport de l’ouest » sera utilisé dans les années à venir pour lancer au moins 7 vols de SpaceX. On saura les derniers détails concernant le lancement de Jason 3 dans les premiers jours de juillet.
Le Satellite Jason 3 mesurera principalement le niveau des océans. Il est issu d’une longue association entre le CNES et l’US Air Force. Crédit NASA/JPL
Dragon 2, le « pad abort » et la suite
Le « Pad Abort » test de la future capsule habitée Dragon 2 (ou Crew Dragon) a été un succès retentissant, assurant la publicité pour le mois de mai de SpaceX, qui n’a pas eu besoin d’en rajouter sur l’importance de cette étape. En seulement six secondes d’accélération maximale, les moteurs SuperDraco incorporés dans les parois de la capsule l’ont emmenée jusqu’à plus d’un kilomètre d’altitude. Ensuite, Dragon 2 est descendu jusqu’à la mer sous parachutes. Grand succès jusqu’à l’amerrissage, il faut noter que « s’il y avait eu des astronautes, ils seraient toujours en vie », ce qui remplit tous les critères de réussites de ce test. Cependant, un moteur a souffert d’un petit raté et s’est comporté moins puissamment que prévu, en obligeant les autres à compenser (rien de grave grâce à la gestion du logiciel). C’est aussi pour cela que le test avait lieu : rien ne remplace l’expérience d’un véritable test sur site.
Vine résumé du « Pad Abort Test ». Globalement, un grand succès pour la firme californienne.
Puisqu’elle est entière, et qu’elle a été récupérée, la capsule va être scrupuleusement analysée, et les données des dizaines de capteurs embarqués vont être compilées. De cette façon , les modifications à émettre vont pouvoir être rapidement transmises à Hawthorne, ou l’assemblage des capsules suivantes a sans doute démarré. Rappelons qu’un modèle sans équipage (mais équipé « comme si ») doit faire le voyage jusqu’à l’ISS et s’y docker en décembre 2016 selon le calendrier fourni par SpaceX… Mais d’abord, il y aura normalement au cours de cet été le test suivant, qui va réutiliser la première capsule, le « In flight abort test ». Ce dernier que nous expliquerons en détail le moment venu, réitère la procédure d’urgence pour s’échapper, mais en vol plutôt qu’au sol. La fusée qui emmènera la capsule pour ce test est déjà prête, elle a subi plusieurs essais et décollera du site de Vandenberg en Californie, quelques semaines après l’envol de Jason 3.
Prise d’image longue du lancement de TurkmenAlem/MonacoSat fin avril. La routine de lancements s’arrête pour reprendre son souffle avant un été déterminant! Crédit SpaceX.
La NASA, l’Air Force et les papiers de certification
En ce printemps, tous les dossiers avancent, et SpaceX peut en remercier la NASA et l’US Air Force qui mettent (enfin) du leur pour faire avancer les dossiers administratifs. Pour commencer, l’armée de l’air américaine ne peut pas lancer Jason 3 si SpaceX n’est pas certifié… Donc de ce côté-là, le dossier sera sans doute résolu d’ici moins d’un mois. D’autre part, la NASA vient d’accepter que la firme californienne fasse partie des appels d’offres pour ses vaisseaux de classe 1 et 2, c’est-à-dire tous les satellites et sondes à part les projets les plus critiques pour l’agence américaine (il reste la classe 3, avec les décollages de New Horizons ou Curiosity par exemple). Et troisième signe positif, le département de la défense américain a appelé SpaceX à concourir pour le lancement de satellites GPS. C’est un signe encourageant, car entre 2018 et 2025, la défense américaine (hors NASA) aura au minimum 25 satellites déjà listés à envoyer en orbite…
Et puis n’oublions pas la fusée Falcon Heavy, nouvelle fusée « super lourde » de SpaceX, dont le vol est encore prévu pour la fin de l’année, sur un pas de tir en pleins travaux…
Crédit SpaceX.
Les administrations sont régulièrement pointées du doigt pour la lenteur des dossiers, mais il semble que SpaceX de son côté ne joue pas toujours le jeu. Déjà, parce que la fusée Falcon 9 change régulièrement, et que les agences ne peuvent pas certifier une fusée dont certains éléments clé vont changer dans les mois à venir. Comment en effet être certain qu’elle sera fiable si ses moteurs vont être modifiés ? Si les 15 derniers lancements ne peuvent être représentatifs puisque la fois prochaine, la fusée emmènera des jambes déployables et des grilles de stabilisation ? Difficile…
Reste la question qui obsède ceux qui attendent un atterrissage: Ou est la barge?!
Crédit SpaceX/Elon Musk
Restez avec nous pour les dernières informations sur la formidable aventure de l’exploration spatiale, avec des articles documentés et un point de vue ludique et francophone! Rejoignez-nous sur Facebook pour des infos exclusives! N’hésitez pas à réagir avec les commentaires.