[Mars] Exploration tout azimut!
Mars. L’intérêt sans cesse renouvelé de notre exploration spatiale vers notre (anciennement) accueillante planète en fait la destination de choix de toutes les grandes agences. Avec cinq orbiteurs actifs et deux rovers explorant sa surface, la planète rouge est d’ailleurs l’un des sujets les mieux étudiés et les mieux compris de notre système solaire (si on excepte la Terre). L’excitation de « visiter une autre planète », fût-elle aussi inhospitalière que Mars, grandit alors que les années passent et que les techniques progressent. Les USA ne rougissent plus d’annoncer un « chemin vers Mars », même si ce dernier sera long et sinueux, tandis que les appétits grandissent dans les agences publiques (Emirats Arabes Unis, ESA, Chine, Inde)… Depuis le 4 janvier 2004, il y a toujours eu au moins un rover actif à la surface de Mars!
Le Rocher Lindbergh, pris par le rover Opportunity hier, vers onze heures. Derrière lui, le cratère Spirit of Saint Louis. Crédit NASA/JPL-Caltech/Cornell
Opportunity: 4000 sols!
On ne le répète pas assez souvent: la mission du petit rover Opportunity était supposée durer 90 jours terrestres. A présent, le robot a passé 4000 levers de soleil… Sur Mars! Le mois d’avril tout entier a été dédié à différentes observations d’un cratère d’une quarantaine de mètres de large, nommé « Spirit Of Saint-Louis » et situé tout au début de Marathon Valley. Le 9 avril, le rover a passé la distance marathonienne, mais il est resté dans les environs depuis, car il est dans une région riche en observations. Des grains de sable sur un site nommé Thermopyles jusqu’à la pile de roches de 2,5m de haut située au centre (« Lindbergh Mound »), les équipes ont eu beaucoup d’analyses à réaliser. Car tout de même après 11 ans sur Mars, Opportunity n’est pas exempt de défauts de vieillesse. Il y a eu l’année dernière le fameux « secteur 7 », une partie de la mémoire du robot qui l’obligeait à stopper ses opérations de nuit. Ce dernier est résolu depuis le mois de mars, mais les chercheurs sont inquiets, car Opportunity a fait un redémarrage (reboot) « à chaud » en milieu de journée le 21 avril. Steve Squyres, le responsable de la mission scientifique du robot dit prendre « chaque jour comme il vient » concernant la santé du robot. Les équipes sont globalement confiantes, et le trajet du robot jusqu’au mois d’août a été récemment validé. Bonus, un coup de vent martien a enlevé des poussières déposées sur l’objectif de sa caméra panoramique!
Opportunity fait plusieurs aller-retours dans le cratère depuis le début avril, afin d’étudier les nombreuses roches présentes sur le site. Crédit NASA/JPL-Caltech
Étonnantes roches « cassées ». Le terrain de jeu d’Opportunity est un véritable petit paradis pour les géologues et planétologues. Crédit NASA/JPL-Caltech
MOM: Etudes de surface
La mission indienne en orbite autour de Mars est assez discrète en publications, aussi il faut se réjouir d’avoir trois nouvelles images à disposition. Ces dernières, qui sont des plans pris lors des phases « proches de la surface de Mars » de l’orbite très elliptique de la sonde MOM, mettent l’accent sur le côté scientifique de la mission. Notamment, les caméras du vaisseau ont été braquées sur des espaces ayant un jour abrité des flux d’eau liquide. Des canyons, des lacs, des rivières sur Mars, dont il ne reste aujourd’hui (et depuis au moins 1,5 milliards d’années) que du sable rouge et de la poussière. Grâce à ses clichés, la mission MOM met l’accent sur une période géologique bien spécifique de la planète rouge. Elle montre entre autres, un site qui aurait subi sans contestations d’énormes inondations. Egalement, un cliché montrant une faille pourrait aider à comprendre une éventuelle (ancienne) tectonique des plaques sur notre voisine.
Cliquez pour agrandir. Crédit MOM/ISRO
Curiosity: A couper le souffle
Depuis début avril, Curiosity bouge beaucoup. Il faut dire qu’il a passé presque tout l’hiver (200 sols) sur le site de Parhump Hills, à faire deux séquences de prise d’échantillons, de photographie rapprochée et d’analyse de roches. Passé les dernières veines au sol, le robot s’est engagé sur les flancs d’une vallée (Eaton Canyon) sur plus de 250 mètres, afin de passer un col nommé Logan’s Pass. Non seulement la mission a ramené de ces derniers jours de voyage certains des plus épiques clichés de paysages (la vue sur le cratère de Gale est stupéfiante), mais Curiosity a aussi fait un petit détour inhabituel. En effet, même si les équipes au sol s’éloignent très rarement du chemin défini, les chercheurs ont identifié un sujet d’étude à plus de 50m et ont dirigé le rover dessus. Le trajet n’a pas été évident (rappel, il faut protéger les fragiles roues de Curiosity, et cela répond à tout un programme), mais le robot est sur place à présent (Logan’s Run) et il étudie des roches stratifiées d’à peine quelques millimètres d’épaisseur! Comme souvent, les résultats sont visuellement extraordinaires!
Curiosity a du étendre son bras presque au maximum pour étudier ces roches en strates! Un millefeuille géologique à comprendre… Crédit NASA/JPL-Caltech
Et si vous vous demandez de quoi est capable la caméra « champ proche », admirez! Difficile de croire que le cliché a été pris cette semaine, sur Mars! Crédit NASA/JPL-Caltech
Enfin, les équipes se sont enfin décidé à regarder le coucher de soleil en face avec Curiosity. Afin de protéger le capteur principal de la Mastcam, cela n’avait jamais été fait auparavant, mais les chercheurs l’ont autorisé car il y a actuellement beaucoup de poussière en suspension dans la zone. D’une façon étonnante (mais tout à fait normale due au spectre d’absorption des couleurs), le Soleil apparaît bleuté, dans un halo vibrant alors qu’il projette ses derniers rayons sur les pentes du Mont Sharp.
Ah, ça ce n’est pas le soleil par contre! Ces derniers jours, les équipes ont réalisé quelques mesures de nuit avec Curiosity… Ici, une magnifique photo de Phobos, la première des deux lunes de Mars.
Crédit NASA/JPL-Caltech
L’opposition: Ca va couper.
Entre le 3 et le 24 juin, il sera impossible pour la Terre de communiquer directement avec Mars. Les rovers passeront en mode de sécurité juste avant, en n’effectuant plus que quelques mesures minimales, tandis que les sondes orbitales vont elles aussi économiser leurs moyens scientifiques, et surtout éviter toute manoeuvre. Il se trouve que comme la Terre et Mars sont sur deux orbites différentes, il arrive une fois tous les deux ans que le Soleil soit en opposition: tout pile entre la Terre et la planète rouge. Cette situation induit suffisamment de bruit de signal pour couper les communications durant trois semaines. C’est également pratique pour les équipes au sol qui peuvent en profiter pour prendre des vacances: au retour, les mesures reprennent!
Image stupéfiante, et presque sans mots pour la décrire: lorsque la météo le permet, le cratère de Gale dévoile toute sa beauté! Crédit NASA/JPL-Caltech
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