[New Horizons] Pluton, objectif en vue!
Dans cette année dédiée à l’exploration des planètes naines, nous avons déjà vu se dévoiler à la fin de l’hiver les nouvelles images de Ceres… Tandis que nous reviendrons bientôt sur le sujet, évoquons aujourd’hui la seconde mission, celle de la sonde New Horizons de la NASA, chargée de découvrir Pluton, cette petite planète mystérieuse, solide, et dont la lune principale (Charon) est si massive et proche que les deux entités forment un système binaire. Au cours de ce mois d’avril, la sonde New Horizons est passée sous la barre des 100 millions de km de son objectif. Et tandis qu’elle fonce vers la planète naine à plus de 58000 km/h, la sonde prend de plus en plus de clichés, que ce soit pour sa navigation ou pour le début de l’étude de Pluton. Car, chers lecteurs nous avons également franchi un palier, celui pour lequel les images de New Horizons sont les meilleures jamais obtenues. Observons donc Pluton et Charon:
Animation obtenue à partir d’images prises entre le 12 et le 18 avril à plus de 100 millions de km de Pluton. Remarquez les différences de couleur à la surface de la planète naine.
Crédit NASA / JHUAPL / SwRI
On voit bien sur ces images pourquoi le duo est appelé un système binaire: le barycentre du couple se situe en fait entre les deux planètes, entraînant cette danse infinie. D’autres détails apparaissent qui sont totalement nouveaux et tout aussi fascinants. Notamment, cette variation de luminosité sur Pluton. Tout d’abord, il faut se rendre compte que Pluton est bel et bien une planète bien sphérique: ce qui est observé ici ne doit pas être interprété comme un corps patatoïde: ce sont les variations de lumière qui donnent l’impression que Pluton ressemble à une boule de neige. Cela dit, l’analogie a déjà été employée: Pluton est généralement considérée jusqu’ici comme une planète de glace. Mais on peut déjà ajouter une observation grâce aux images de New Horizons: sa surface n’est pas uniforme! Pour les scientifiques, et Alan Stern en particulier (responsable scientifique de la mission), ces images « suggèrent fortement des calottes polaires ».
Version avec la position de Pluton stabilisée. C’est principalement grâce à ces images que la formation de calottes de glace polaire est supposée. Crédit NASA / JHUAPL / SwRI
Décidément, sacrée année 2015! Entre les tâches blanches des cratères de Ceres, et les calottes polaires sur Pluton, les découvertes tiennent toutes leurs promesses. Concernant l’ex-planète, il ne faut pas encore trop interpréter les clichés: après tout la sonde est encore très loin, et n’atteindra son objectif que dans deux mois et demi. Ces images ont également été traitées… Et c’est là qu’elles rejoignent un autre sujet d’actualité! En effet, l’algorithme qui permet d’utiliser plusieurs images, de les rassembler et d’augmenter la résolution d’un objet flou a été développé suite aux aberrations des clichés de… Hubble! L’héritage du télescope spatial vit donc également dans les méthodes terrestres, et permet de mieux comprendre Pluton aujourd’hui.
Un « collage » de la meilleure image de Pluton fournie par Hubble (à gauche) corrélé avec les dernières observations. Grâce à la mosaïque d’images, on est presque plus avancés grâce aux images de New Horizons! Crédit JohnVV/Unmannedspace.com / Emily Lakdawalla.
Egalement, nous sommes dans une période de transmissions d’images pour New Horizons, qui durera jusqu’au 15 mai, il y a donc fort à parier que nous aurons dans les deux semaines à venir d’autres animations issues des images de la caméra LORRI, traitées afin de nous montrer d’autres détails de Pluton. On attend également des plans plus larges, capables de montrer plus de lunes du système planétaire de Pluton, avec l’apparition de Nyx et d’Hydra sur les clichés. Mais j’ai eu beau analyser les clichés téléchargés ces derniers jours (les derniers datent du 27 avril), je n’ai pas trouvé trace d’une des deux lunes en question.
L’image la plus récente du duo Pluton/Charon prise en vue large le 27 avril. Les traces blanches sont dues aux caractéristiques de l’exposition du capteur. Crédit NASA / JHUAPL / SwRI
En dernier lieu, il y a une raison supplémentaire pour trouver ces images passionnantes. Parce qu’à partir de maintenant, Pluton n’est plus un point éloigné du ciel, ce n’est plus un amas de pixels à déchiffrer, c’est une planète naine. C’est un système, avec des lunes bien réelles, une géographie à part entière, une histoire, une géologie. A présent que les sondages pour nommer les différentes composantes cartographiques de la petite planète sont terminés, les équipes de scientifiques au sol vont bientôt pouvoir se mettre au travail. Il y a tant à découvrir dans les semaines à venir!
Le processus de déconvolution appliqué aux images de Pluton. On peut remarquer que les images de base sont encore très faiblement résolues… Crédit Hal Weaver/Emily Lakdawalla
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Sur la première animation, on va clairement un phénomène intéressant : le centre de gravité du système plutonien est situé à l'extérieur de Pluton. Charon étant massif par rapport à planète naine, les deux (voire plus) corps gravitent donc autour d'un centre de gravité communs décalé 🙂
Oui c'est cela qu'on appelle un système binaire 🙂 J'en parle régulièrement, c'est même pour cela que l'on peut dire que Pluton et Charon dansent vers l'infini.
D'ailleurs ces gifs devraient être montré au collège/lycée lors des leçons sur la force de gravité: on comprend très bien comment ça se passe avec cette démonstration… Et il n'est alors pas difficile d'assimiler que sur Terre, notre centre de gravité n'est pas au centre de la planète mais bien décalé à cause de la masse de la Lune, créant les forces de marée.