[Le bourget] Airbus remporte la mise
Le titre de cet article vous interloque peut-être, mais pas d’inquiétude, le site est toujours dédié au spatial et pas à l’aéronautique « terrestre »! Il se trouve que pour l’ouverture du Salon du Bourget ce lundi, Airbus n’a pas seulement impressionné ses adversaires dans le domaine des ventes d’avions en dépassant Boeing. En effet, la division satellites, qui appartient à Airbus Defense And Space a marqué un grand coup: c’est la firme européenne qui va développer, concevoir et construire les 900 satellites de la constellation OneWeb dévoilée en janvier par le milliardaire Greg Wyler, PDG de WorldVu, qui chapeaute le projet. C’est une excellente nouvelle sur de nombreux points, mais on peut tout d’abord se réjouir pour les équipes d’Airbus qui ont su remporter le contrat face à Boeing, Orbital-ATK, Lockheed Martin, SSL, etc… Décidément après Adeline (voir ici), Airbus est très en forme!
Aussi rapide que la fibre optique… La promesse d’un accès mondial à internet fait rêver de nombreux opérateurs. Crédit Airbus D&S.
La constellation OneWeb
Retour en arrière, en janvier de cette année (voir ici). Greg Wyler, le PDG de OneWeb dévoile son plan consistant à envoyer 900 satellites en orbite basse afin de fournir au monde entier une couverture réseau. Cela pour répondre à un besoin précis: un humain sur trois n’a aucune solution de connectivité. Le marché potentiel est énorme, et les satellites géostationnaires ne peuvent pas, pour OneWeb (comme pour SpaceX qui dévoilait quatre jours plus tard sa propre constellation) fournir assez de débit de données aux utilisateurs. De nombreux observateurs avaient en janvier regardé le projet avec scepticisme, car Mr Wyler n’est pas le premier à vouloir gérer du réseau par les satellites, plusieurs projets avaient terminé en banqueroute au début des années 2000. Cependant, c’est sans compter sur la réduction drastique de la taille et du poids des satellites actuels, qui sont également bien plus efficaces.
De la même échelle, les satellites de Skybox imaging sont équipés pour fournir des images de la Terre avec une haute résolution. Crédit Skybox imaging
OneWeb devrait donc se faire. 900 satellites, c’est déjà 200 de plus qu’annoncé en janvier, mais les autres caractéristiques de la constellation devraient rester identique: une altitude de fonctionnement aux environs des 800-900 km d’altitude, et un prix global qui devrait dépasser les 4 milliards de dollars… Virgin Galactic et Qualcomm ont investi dans WorldVu, la firme du projet OneWeb, avec pour Richard Branson des idées derrière la tête. En effet, ce dernier espère placer plusieurs lancements de satellites avec son système LauncherOne qui pourrait être lancé d’ici 2016. Le but annoncé est de réussir à placer des capacités initiales pour le réseau de satellites en 2019. Impressionnant…
On voit bien sur cette vidéo mise en ligne aujourd’hui la stratégie de « grand réseau » pour le projet OneWeb.
Airbus va construire 900 satellites!
Passons au contrat de l’année chez les manufacturiers. 900 satellites, c’est aussi impressionnant qu’inédit! Mais ces derniers ne feront pas la taille d’un minibus comme la majorité des grands satellites de communication qui sortent des chaînes d’assemblage d’Airbus Defense And Space. Non, au contraire, ces satellites ressembleront plus à de gros CubeSats. Le corps principal devrait occuper environ un mètre cube, peser 150 kilogrammes… Egalement, vu ces caractéristiques, la propulsion et le maintien en position de ces petits appareils devrait être à propulsion ionique. Cela pourrait même avoir été l’atout principal d’Airbus D&S: le constructeur français dispose d’une grande expérience dans ce domaine ne plein essor. Nous n’avons pas d’informations sur la durée de vie initiale de ces satellites (selon les normes actuelles, on peut tabler sur 5 à 7 ans pour cette gamme de taille)… Car il serait particulièrement intéressant que ces derniers soient en capacité de se désorbiter en fin de vie. L’orbite basse terrestre est déjà dangereuse, encombrée: 850 satellites en orbite (50 en réserve?) n’arrangeront rien.
Airbus est l’un des seuls constructeurs au monde à proposer dans son catalogue des satellites tout électriques (propulsion ionique). Ici, SES 14. Crédit Airbus D&S
Airbus a dévoilé ses plans pour le démarrage de la construction: les 10 unités prototypes seront produites à Toulouse, assurant par la même occasion une maîtrise sur le design et la conception française… La construction et l’intégration en série seront réalisés aux Etats-Unis, sans plus de précision pour l’instant. Airbus a déjà une usine (d’avions) en construction à Mobile, Alabama, peut-être un nouveau site verra-t-il le jour dans un autre état… La capacité sera assez phénoménale, puisque le communiqué de presse indique jusqu’à 4 satellites produits chaque jour lorsque les cadences atteindront leur point haut! Pour rappel, aucun constructeur mondial ne construit ne serait-ce qu’un seul satellite par jour aujourd’hui: le marché est très spécialisé. Airbus est ambitieux, mais on sait que la firme peut se donner les moyens de ses ambitions…
ST-1, lancé en 1998 pour la télécommunication des pays asiatiques (orbite géostationnaire) est toujours actif et en service. C’est aussi ça, la réputation Airbus… Crédit Airbus D&S
Airbus écrase la concurrence
Les satellites construits par Airbus sont presque devenus une norme. La firme a remporté d’innombrables contrats ces dernières années, sur le secteur des télécommunications mais pas uniquement, puisque la firme européenne produit aussi des satellites pour la Défense (avec Thales) et pour l’ESA (comme la famille Sentinelle)… Ces dernières années, il n’y a guère que la constellation Galileo qui a échappé aux griffes d’Airbus, et encore: les unités « initial capabilities » sont sorties des chaînes des sites français. Le groupe affiche dans l’aérospatial une bonne santé qui frise l’excès de confiance: de l’autre côté de l’Atlantique, Lockheed Martin et même Boeing ont vu moins de clients signer sur leurs catalogues. On peut aussi y voir la discrète mais puissante main de la diplomatie française et européenne: nombreux sont les pays désireux de s’équiper d’équipements d’excellence sans passer par les tout puissants USA…
Construction sur le site d’Airbus des successeurs de la mission Grace de la NASA.
Crédit Airbus Defense And Space.
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