[ISS] Scott Kelly, recordman
Depuis le 16 octobre, les USA ont un nouveau recordman! Scott Kelly, l’astronaute qui participe avec le russe Mikhaïl Korniyenko au « year in space » au sein de l’ISS a passé la barre des 385 jours cumulés dans l’espace aujourd’hui même, devenant l’américain ayant passé le plus de temps dans l’espace. Et comme il reste encore presque cinq mois à sa mission qui ne s’achève que début mars 2016, il atteindra la barre symbolique des 500 jours passés en orbite! La mission qu’il effectue en parallèle avec son frère jumeau se passe bien: les deux sont régulièrement auscultés par des machines et des tests identiques afin d’observer les changements induits par le voyage de longue durée en orbite. Des tests qui vont des mesures de temps de réflexe jusqu’aux analyses sanguines en passant par la structure osseuse et l’évolution de la vue. Mais d’ailleurs, que se passe-t-il en ce moment sur la station?
La baie de San Francisco, l’une des dernière vues de l’espace publiée par Scott Kelly, qui met chaque jour en ligne plusieurs clichés incroyables de son voyage orbital.
Crédit NASA/Scott Kelly
Bientôt la sortie
Oui, enfin pas définitivement, rassurez-vous! Scott Kelly et Kjell Lindgren effectueront une sortie programmée à l’extérieur de l’ISS (EVA) le 28 octobre (et une autre un mois plus tard). Six heures trente de fun en combinaisons étanches, à s’occuper d’une expérience sur la matière noire, bichonner les 20m de long du Canadarm (le très long bras robotisé qui sert pour attraper les vaisseaux cargos par exemple) et changer des configurations à l’extérieur pour les futurs ports de docking pour les vols habités américains de 2017 et plus. L’un de ces ports de docking a été détruit lors du crash du 28 juin de la fusée SpaceX CRS-7, mais il semble qu’il restait suffisamment de pièces de maintenance et de tests pour reconstruire tout un système de docking/écoutille chez Boeing. Bien entendu, il faut préparer ces sorties longtemps à l’avance. Les astronautes sont évidemment formés et certifiés pour réaliser des EVA au cours de leur séjour sur l’ISS, même si ils ne savent pas au moment de leur entrainement quel sera le programme.
Kjell Lindgren et Scott Kelly, ainsi que leurs combinaisons parées pour l’EVA à venir. Si elles ont l’air bedonnantes, c’est qu’il est régulier de les remplir en surpression pour vérifier qu’il n’y a pas de fuites. De beaux bibendums! Crédit NASA TV
C’est le cas par exemple pour l’astronaute français Thomas Pesquet qui prépare sa mission décollant en novembre 2016 et qui s’entraîne beaucoup ces jours-ci sur l’IMU, la combinaison de sortie américaine. Les astronautes européens sont formés aux EVA sans précisément savoir combien ils pourront en effectuer. L’italien Luca Parmitano en a réalisé deux au cours de sa mission de six mois, tandis que Samantha Cristoforetti, Alexander Gerst ou Andreas Mogensen n’en ont pas réalisé. Si cela représente un certain graal pour la très petite communauté des astronautes, c’est un grand coup de stress une fois sur place (on a pu voir les gestes saccadés et mal assurés de Mikhaïl Korniyenko lors de sa seconde EVA de sa carrière en août). Et puis, ceux qui ne sortent pas sont généralement responsables de la station au cours de la sortie, et ils font partie intégrante de toute la séquence: on ne s’habille pas tout seul pour une EVA, et une fois la combinaison passée, il vaut mieux tout avoir sous la main! Les inspections du sas et la responsabilité des entrées et sorties lors des EVA de ce printemps ont été réalisées par Samantha.
Une combinaison EVA sur la table de Thomas Pesquet aujourd’hui: à remonter les yeux fermés! Seuls les gants sont réalisés sur mesure. Crédit Thomas Pesquet.
Espérons pour Thomas Pesquet qu’il aura une EVA prévue au cours de sa mission de 165 jours environ! L’autre astronaute européen qui peut prétendre en faire une, c’est Tim Peake qui part pour l’ISS à la mi-décembre pour sa propre mission de 6 mois.
Peu de visite de l’extérieur!
Le mois de septembre avait été particulièrement chargé. Neuf astronautes durant une semaine et demie au sein de la station. Fin septembre, le cargo japonais HTV-5 s’est détaché de la station avant de plonger vers l’atmosphère terrestre. Puis le 1er octobre, un cargo Progress (M-29M) russe sur une fusée Soyouz. Déjà déchargé de sa précieuse cargaison, ce dernier recueille actuellement les déchets de l’ISS. La période est propice aux expériences scientifiques de longue durée et aux essais médicaux: il y a peu de maintenance pour la station, et le prochain cargo n’est pas attendu avant un mois, le 21 novembre. Ce sera à nouveau un cargo russe Progress, le premier de la nouvelle génération Progess MS dont nous reparlerons à cette occasion.
Le 1er octobre, approche du cargo Progress (en haut à gauche) avant son docking. Sur la droite on peut voir un autre cargo Progress (en haut) et au premier plan la capsule habitée Soyouz presque identique. Crédit NASA TV.
Côté non-russe, c’est un peu plus compliqué. Entre le crash d’Orbital l’année dernière le 28 octobre et celui de SpaceX le 28 juin (je propose d’arrêter les lancements le 28), il y a une vraie césure dans le ravitaillement de la station côté américain. A présent que le cargo japonais est reparti, tous les regards sont tournés vers Orbital, qui fera voler son cargo Orb-4 sur un lanceur Atlas 5 opéré par United Launch Alliance. Un choix onéreux, mais les fusées américaines performantes ne courent pas les rues et SpaceX était exclu: c’est le grand concurrent d’Orbital pour ravitailler l’ISS. L’Atlas 5 est un peu « surpuissante » pour le vol, au point de laisser une demi-heure de marge pour l’horaire du lancement: les performances de la fusée permettent sans souci de rattraper la station en cas de retard! Sur l’ISS, l’équipage se prépare à guider la capsule cargo qui elle est toute neuve, vers son port de docking. Une manoeuvre prévue le 5 décembre, deux jours après le décollage.
Cygnus Orb-4, dont j’espère que la mission sera un succès, est certainement très esthétique! De plus elle transporte environ 3 tonnes de matériel pressurisé. Crédit Orbital ATK
Des cubesats et des cubesats
Qu’est ce qui fait la taille d’une boite à chaussure et rentrera dans l’atmosphère ces prochains mois? Des CubeSats, voilà! L’ISS, qui fait une magnifique plate-forme de lancement, a été utilisée régulièrement pour des « lâchers » de CubeSats ces derniers temps. Dans la semaine du 8 au 15 octobre, 16 CubeSats devaient être relâchés! Pour ce faire, c’est assez « simple ». Les nanos-satellites sont emmenés avec les cargos orbitaux, avant d’être stockés dans la station, au sein du module japonais Kibo. De là, ils sont placés dans des racks spéciaux qui passent par un petit sas au fond de Kibo, et sont attachés dehors. Le rack se déplie en position de tir, et la manoeuvre est, à ma connaissance, pilotée depuis le sol. Les CubeSats sont commercialisés par Planet Labs, qui en a fait un marché juteux (14 « doves » ou CubeSats des 16 lancés étaient des clients Planet Labs), et ils servent à des tâches variées comme la cartographie terrestre en temps réel, les tests de relais de communication ou tout simplement les nouvelles technologies dans le vide spatial (nouvelles fréquences dans le vide, nouveaux processeurs, etc). Deux des 16 Cubesats lancés n’étaient pas des initiatives commerciales mais les premiers CubeSats spécialement conçus et opérés par l’agence spatiale européenne ESA.
Le japonais Kimiya Yui au sein du module Kibo, devant le sas dédié aux petites charges extérieurs. On peut voir le rail du lanceur de Cubesats dans l’écoutille. Crédit NASA TV.
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