[Chine] L’agenda qui fait rêver
Ce vendedi, la Chine a encore fait une annonce comme elle en a le secret. Un mélange d’affirmations et de sujets non abordés, de précisions et de suppositions. Mais ce qu’il faut en retenir, c’est la concrétisation du projet martien de la Chine, qui voudrait envoyer dès 2020 une mission qui sera composée au minimum d’un orbiteur, mais également d’un prototype d’atterrisseur. Avant de revenir sur les points forts chinois à venir, soulignons que quand même, ça fait beaucoup de nations qui se préparent pour Mars 2020:
– Les USA avec le successeur de Curiosity
– L’ESA, si elle « rate » son créneau de 2018 pour la seconde partie d’ExoMars, donc avec un rover.
– Les Emirats Arabes Unis, avec leur orbiteur « Hope » (d’ailleurs ils ont signé pour un lancement sur une fusée japonaise H2A le mois dernier).
– Potentiellement l’Inde, bien que le prochain créneau envisagé, c’était plutôt 2022 pour le successeur de MOM, actuellement en orbite autour de Mars.
– La Chine.
Wow!
Mars, photographiée par le vaisseau indien Mars Orbiter Mission (MOM) toujours actif.
Crédit ISRO
Pour vous mettre l’eau à la bouche, voilà trois missions chinoises qui devraient donc se concrétiser dans les 4 années à venir. Et on parle juste de ces trois là, pas du programme habité!
– Chang’e 5. Oh celui-là, la Chine le prépare depuis presque dix ans. Depuis le début du programme Chang’e en tout cas: tout le programme planétaire chinois centré sur la Lune vise a développer ses capacités loin de l’orbite terrestre. Ils ont d’abord orbité la Lune (Chang’e 1) avant de manoeuvrer à différents points autour de la Terre (Chang’e 2). Avec Chang’e 3, ils se sont posés sur la Lune et ont déployé le petit rover Yutu, et avec avec Chang’e 5 TI, ils ont préparé le terrain pour ce qui devait être initialement la dernière pièce de l’édifice: Chang’e 5. La mission sera complexe: un orbiteur qui restera autour de la Lune, et un vaisseau qui ira se poser sur la surface sélène. Ce dernier utilisera une base capable de creuser le sol, et de collecter quelques centaines de grammes de poussière lunaire (jusqu’à 3kg je crois). Puis la capsule de retour décolle de la Lune et rejoint l’orbiteur qui la ramène vers la Terre. Des manoeuvres complexes et des capacités que l’on a plus vu depuis le début des années 70 et les missions lunaires habitées des USA. Si la mission arrive à son terme, elle fera sans doute réfléchir l’ensemble des puissances spatiales: la Chine réussirait là une sacré prouesse.
La Chine a une bonne expertise de récupération de matériel orbital. En témoigne le retour de la capsule Jilin envoyée au début du mois cette semaine.
Crédit Weibo/Xinhua News
– Chang’e 4. Oui, je sais, ce n’est pas dans l’ordre. C’est que si Chang’e 5 est prévu pour la fin de l’année 2017, Chang’e 4 ne décollera pas avant 2018. Il s’agissait initialement d’un vaisseau de rechange. Simplement parce que les chances de réussite de Chang’e 3 étaient évaluées comme « plutôt faibles » par l’agence chinoise qui, c’est vrai, n’avait jamais posé un vaisseau sur un autre corps céleste. Donc plutôt que de lui garder la même mission, la Chine a repris l’atterrisseur et le rover et les transforme actuellement pour un atterrissage sur la face cachée de la Lune! Ce serait le premier du genre, et ce sera très, très intéressant. Non seulement parce qu’il s’agit d’une mission compliquée techniquement (il faut un orbiteur pour communiquer avec la Terre) mais aussi parce que la face cachée nous est presque inconnue. Matériaux, rayonnements, ce sera très intéressant: il y a notamment des projets pour envoyer sur place dans la prochaine décennie un télescope spatial: ce dernier s’affranchirait des rayonnements radio venant de la Terre. La mission, ses images, la survie du rover: ce sera un incontournable!
Le rover Yutu à la surface de la Lune. C’est le premier rover a survivre à plusieurs nuits lunaires successives à la surface! Crédit CNSA
– La mission martienne. Pour l’instant elle n’a pas de nom, mais elle est très officielle. Approuvée dès le mois de janvier par les autorités, elle a été annoncée le 22 avril et ce n’est pas un hasard: cela veut dire que les travaux sont en réalité assez avancés. Le pays souhaite tenter en une seule fois l’orbiteur, l’atterrisseur et le rover, ce qui semble particulièrement osé (et si ça marche, ce sera une très grande première). L’objectif affiché est de continuer à se développer pour devenir une « vraie puissance spatiale ». En réalité et ce n’est qu’un secret de polichinelle, l’agence chinoise tient à damer le pion aux concurrents Indiens, qui réussissent de nombreux projets spatiaux ces dernières années. Ils ont leur orbiteur autour de Mars, et préparent eux aussi une mission avec rover pour 2017-2018 sur la Lune… Le genre de course à l’espace qui nous convient parfaitement!
La fusée CZ-5 sera le nouveau cheval de bataille de la Chine, plus puissant que ses prédécesseurs. Il permettra au pays d’intensifier ses efforts planétaires. Ici, pour l’échelle, juste l’un des 4 boosters. Crédit News.cn
En tout cas le programme chinois donne clairement envie! On ne peut plus qu’espérer qu’ils partageront rapidement leurs images!
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