[GLXP] Et les nominés sont…
On l’aurait presque oublié, après des années de retards et trop d’effets d’annonces, mais le Google Lunar X-Prize, ou GLXP, va passer très bientôt une étape importante: les équipes avaient jusqu’au 1er janvier pour annoncer leur contrat de lancement. Il ne restera alors plus qu’un an pour que les participants tentent d’aller chercher le Graal: se poser avec leur rover sur la Lune, parcourir 500m en filmant en HD et retransmettre les données vers la Terre. Un challenge, certes, et pour une somme modique comparée aux investissements: Google répartira 25 millions de dollars au vainqueur (ou vainqueurs si certains arrivent à valider des objectifs et d’autres non). 2017 sera donc l’année de vérité. Pourtant, et même si certaines équipes travaillent d’arrache-pied, le calendrier va encore leur réserver des surprises…
Simple et efficace.
Les équipes du GLXP ont si rivaliser pour la communication sur leur missions. C’est superbe.
Crédits Moon Express
Les finalistes ont jusqu’au 31 décembre.
Le GLXP, malgré des assouplissements successifs (surtout la date finale qui a reculé d’année en année pour finalement s’établir au 31 décembre 2017 pour la fin du jeu), reste un concours sérieux. Il ne suffit donc pas pour les concurrents d’annoncer « on a un contrat de lancement » pour être pris au sérieux. Le GLXP étudie en profondeur le contrat et établit même une probabilité de lancement afin d’annoncer si oui ou non l’équipe a le droit de passer à l’étape finale.
C’est pourquoi quelques équipes qui avaient fait par le passé des déclarations tonitruantes se retrouvent aujourd’hui à 25 jours de l’élimination faute d’un contrat solide.
Un oeil sur l’objectif: la Lune! Ici prise en photo par l’équipage d’Apollo 13.
Crédits NASA
C’est le cas d’un cluster de 3 concurrents, menés par Astrobotic. Dès le début du GLXP, Astrobotic s’est montré comme l’un des « clients » les plus sérieux pour le prix final. Car en plus de fabriquer un prototype de rover (il s’appelle Andy et il a été développé avec l’Université Carnegie aux USA), Astrobotic a mis en place un atterrisseur lunaire, chargé de convoyer du matériel depuis l’orbite terrestre jusqu’à la surface lunaire. Cet atterrisseur, ça a d’abord été le Griffin, version un peu « low cost » visuellement du vaisseau Phoenix de la NASA posé sur Mars en 2008. Finalement, c’est le Peregrine, beaucoup plus travaillé visuellement, qui embarquera des éléments publicitaires et sera capable d’emmener jusqu’à 270kg jusqu’à la surface lunaire. C’est dans ce cadre que deux autres équipes du GLXP ont acheté une place sur Peregrine pour venir poser leur rover sur la lune: les japonais très prometteurs du Team Hakuto et les chiliens de Team AngelicvM. L’atterrisseur est censé placer le rover Andy, celui de Hakuto et AngelicvM sur une même ligne de départ: l’occasion de la première course sur la surface de la lune!
Le prototype d’Andy en cours de filmage…
Crédits Astrobotic
Sauf que voilà, pour l’instant le projet est bien beau… Mais Astrobotic n’a pas encore été qualifié par les experts du GLXP. L’entreprise soutient qu’elle a un contrat pour voler en passager secondaire sur une Falcon 9 de SpaceX, mais le vol n’est pour l’instant pas spécifié (et quand on connait le calendrier de SpaceX, on comprend pourquoi). Honnêtement, ça fait un peu bazar: Astrobotics est technologiquement avancée et utilise des composants qui ont déjà fait leurs preuves (des propulseurs de chez Aerojet Rocketdyne, notamment). En 2015, l’entreprise a été la seule à rafler les 3 awards les plus prestigieux des « GLXP Milestones » dans la catégorie mobilité, atterrissage et imagerie!
Les japonais du Team Hakuto proposent l’un des plus impressionnants petits rovers.
Crédits Team Hakuto
Team Indus:
Ce sont les derniers à entrer officiellement dans la course. Les indiens sont presque 100 dans l’entreprise qui a attiré énormément de capitaux privés (ainsi que les 10% maximum de financements publics autorisés). Leur rover que peu de participants prenaient au sérieux il y a 4 ans a franchi toutes les étapes et a même remporté en 2015 le Milestone « Atterrissage » (ce qui peut interroger puisque la Team Indus n’a jamais présenté publiquement son atterrisseur). Mieux, leur contrat de lancement, validé le 3 décembre par le comité, est l’un des plus crédibles de tous les participants. En effet il s’agit d’un décollage d’une PSLV XL dédiée! La PSLV XL est le fleuron léger de l’industrie aérospatiale indienne, avec 33 succès d’affilée! C’est grâce à cette fusée que l’Inde a envoyé sa première sonde martienne et son premier orbiteur lunaire en 2007.
Point négatif cependant, pour se donner le temps de terminer les travaux (et le délai pour la fusée), Team Indus ne prévoit de décoller que dans les derniers jours de 2017. Il faudra espérer qu’à cette date, aucun autre concurrent n’ait réussi son pari…
Le dernier look du rover de Team Indus est juste incroyable. Innovant, inspirant. On espère le voir sur la Lune! Crédits Team Indus
Moon Express:
Concurrent très sérieux à l’horizon! Moon Express est une entreprise qui voudrait révolutionner la recherche et l’exploitation de ressources minières dans l’espace. Dans ce but, et dans le cadre du GLXP, Moon Express a développé le MX-1, sorte de petit vaisseau à tout faire. Il ne roule pas, mais il est capable de voyager depuis l’orbite terrestre jusqu’à la surface de la Lune, et de se déplacer sur place de petit saut en petit saut. L’entreprise a gagné ses galons (et 2 Milestones Prize en 2015 à hauteur de 1,25 millions de dollars) en utilisant les infrastructures de test de la NASA à Cape Canaveral. Gérée comme une start up avec son dirigeant charismatique Bob Richards, l’enreprise a commandé 3 vols pour la Lune à RocketLab, nouveau venu sur la scène des fusées orbitales légères. Même si la fusée Electron n’a pas encore rejoint son pas de tir, le GLXP a donné son aval pour valider le projet.
C’est d’ailleurs l’un des nombreux risques pour Moon Express: si RocketLab, déjà en retard sur son planning de lancements, perd encore du temps, la date d’arrivée du vaisseau sur la Lune pourrait bien tomber derrière ses concurrents…
Vue d’artiste du MX-1 de Moon Express
Crédits Moon Express
SpaceIL:
Créée en 2011 par trois étudiants israéliens, SpaceIL est longtemps restée en retard dans la course au GLXP. Au point que l’entreprise n’a réussi à obtenir aucun des awards des Milestone Prizes. On avait effectivement rangé SpaceIL au rang d’équipe « powerpoint » comme il y en eut quelques dizaines au sein du projet GLXP: des idées intéressantes mais par faute de budget, pas de hardware et encore moins de plans pour les lancements.
Sauf que voilà, c’est SpaceIL qui a été la première équipe à annoncer un contrat validé par le comité du GLXP! L’entreprise qui emploie maintenant 30 personnes a acheté via une entreprise qui rassemble les CubeSats et autres satellites pour acheter un vol de fusée, une place sur une Falcon 9 prévue pour un lancement au quatrième trimestre 2017. Le vaisseau est un « simple » atterrisseur, mais si le projet arrive à complétion, ce serait extraordinaire!
Un peu de matériel de vol: A l’arrière le MX-1 de Moon Express, et à l’avant le petit atterrisseur de SpaceIL! Crédits SpaceIL
Part Time Scientists:
La seule équipe européenne encore en course, aux racines allemandes, a toujours été vue comme une entreprise d’outsiders, avec une technologie de rover ambitieuse, mais peu de moyens. Sauf que voilà, les PTS ont réussi à attirer un investisseur privé capable de les aider avec les meilleurs matériels, l’outillage et même des logiciels de conduite automatisée. Il s’agit en effet d’Audi, qui a profité de la proposition des Part Time Scientists pour faire du « branding » massivement autour du robot. Opération réussie pour le moment: non seulement les résultats des tests semblent concluants, mais les européens disposent d’assez de crédits pour envoyer deux rovers sur la lune d’ici 2017!
Oui, oui, deux. Leur proposition, actuellement en étude par le comité GLXP, a été l’achat d’une solution « rideshare » (peut-être le même vol que pour SpaceIL) sur Falcon 9 ou sur PSLV. Tant que la proposition n’est pas publique, il reste une part de mystère. Avec Audi en support, il faut être certains que les Part Time Scientists veulent compter!
Le rover des Part Time Scientists est posé sur une lune très, très (trop) proche de la Terre…
Crédits PTS
Synergy Moon
Ah mais oui, c’est vrai, Synergy Moon est toujours dans la course! Il s’agit de la troisième entreprise a avoir fait valider son contrat de vol pour la Lune en 2017, afin d’envoyer un petit atterrisseur et un rover sur la surface. Sans jamais montrer leur matériel, Synergy Moon n’a pas suscité beaucoup d’enthousiasme. Et même leur contrat de vol peut prêter à sourire: il s’agit d’une fusée d’Interorbital Systems… Une firme qui annonce être à six mois de son premier vol orbital depuis presque 10 ans. Du coup ce n’est pas très encourageant, et il y a pire: Interorbital ne dispose pas de pas de tir, sa fusée Neptune n’est pas prête… On sent à peu près vers quoi ça se dirige.
Mais après tout, ne serait-ce pas la surprise ultime?
Le moment tant attendu.
« It’s a small step for man… »
Crédits NASA
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